Un effectif nettement étoffé. Désireux
de stopper l'ascenceur entre la Ligue 1 et la Ligue 2 et de s'installer
durablement, les dirigeants caennais souhaitent apporter de
l'expérience au groupe de la montée. Ce dernier est conservé puisque le
seul départ est celui de Valéro mais, au vu du raté de 2004/05, il est
nettement étoffé avec des joueurs dont certains ont déjà connu l'élite.
L'arrêt de Jean-Marc Branger, qui devient préparateur physique, est
compensé par l'arrivée d'Alexis Thébaux, formé à Nantes (où il a déjà
joué un match en division 1) et passé par Cherbourg puis Dijon. En
défense, arrivent l'international suédois (une sélection) Karl
Svensson, en provenance des Glasgow Rangers, et le troyen Florian
Boucansaud qui, cependant, n'a joué en Ligue 1 en 2006/07. Le premier
vient en lieu et place du Brésilien Marcos Antonio que Caen se fait
souffler par Auxerre à la veille de sa signature ! Dans ce
compartiment défensif, Malherbe bénéficie des reconversions de la
saison passée : Leca au centre, même s'il rendra quelques services au
milieu et Lemaître comme arrière gauche. C'est de ce côté mais au
milieu que joue la deuxième recrue étrangère, l'Argentin Juan Eluchans,
qui vient d'Independiente. Benjamin Nivet est le nouveau venu le plus
expérimenté : il a joué à Auxerre et Troyes en division 1, ainsi qu'à
Châteauroux. C'est un meneur de jeu capable de marquer régulièrement.
Le Lavallois Rémi Gomis, suivi depuis plusieurs saisons par Caen,
arrive aussi, en tant que milieu défensif. En attaque, Lens prête à
Caen le jeune international tunisien Issam Jemaa. De plus, au niveau
offensif, Malherbe réussit à conserver Yoan Gouffran, que le Paris SG
sera pourtant tout prêt d'enrôler dans un premier temps avant fin août
puis au mercato d'hiver. Gouffran, international espoir régulier,
suscite les convoitises mais il saura résister aux sirènes. Il sera
utilisé comme milieu droit excentré ou comme attaquant, selon les
disponibilités mais aussi le système utilisé. Franck Dumas a comme idée
directrice le jeu et, même s'il reverra (avec succès) son système après
un départ laborieux, il va se tenir à son projet et le faire réussir.
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Arrivées |
Boucansaud
(Troyes), Nivet (Troyes), Eluchans (Independiente), Gomis (Laval),
Jemaa (Lens), Thébaux (Dijon), S.Zubar (Pau), Adnane (Cherbourg)
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Départs |
Branger (arrêt), Valéro (Nîmes), Adnane (Cherbourg, prêt), S.Zubar (prêté
à Bruxelles, mercato d'hiver), Raineau (prêté
à Libourne, mercato d'hiver), Grandin (Marseille, mercato d'hiver)
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Débuts hésitants et incomplets. Le
retour en Ligue 1 s'effectue à d'Ornano et Malherbe réussit à vaincre
Nice grâce à une superbe tête de Compan sur un centre de Gouffran à dix
minutes de la fin.
CAEN-NICE 1-0 (Compan)
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Planté; Hengbart,
Sorbon, Svensson, Seube; Gouffran, Proment (Leca 76è), Nivet, Eluchans
(Florentin 61è); Mazure (Compan 68è), Jemaa
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Mais la deuxième victoire mettra du temps à venir. L'équipe n'est pas
aidée par le calendrier : du fait des coupes d'Europe, la réception de
Toulouse et le voyage à Lens sont reportés. Caen doit alors se déplacer
deux fois de suite, essuyant deux échecs à Auxerre et Nancy. Malherbe
se signale par un temps de possession de balle supérieur,
notamment au milieu, mais sans parvenir à concrétiser. De plus, contre
les Bourguignons, Caen perd Svensson pour une longue durée (entorse au
genou) et cela favorise le retour de Thiam. Deux réceptions suivent,
celle de Marseille se solde par une défaite puis un nul est concédé
face à Sochaux. Trop d'erreurs individuelles sont commises et une
défaite sans gloire à Saint-Etienne suivie par un affront à d'Ornano
pour la réception d'un Metz qui n'avait pas encore gagné et qui se
permet de l'emporter 2-1 achèvent de précipiter Malherbe à la dernière
place. Certes, il y a deux matchs à rattraper mais l'inquiétude est là
: la volonté de jeu ne suffit pas, l'organisation en 4-1-3-2 est
fragile et trop naïve. Cinq milieux aux Sept-Deniers. La
coupe de la Ligue offre une parenthèse et envoie les Caennais à
Toulouse. Paradoxalement, la coupe du Monde de rugby fait que ce match
se déroule sur le terrain du Stade Toulousain. Désireux de faire
souffler des titulaires habituels, Franck Dumas aligne une équipe
rajeunie et modifiée dans son organisation avec cinq milieux dont deux
défensifs. A l'issue d'un match débridé, que les Caennais finissent à
dix, ceux-ci se qualifient aux tirs aux buts après avoir égalisé à
3-2 à la dernière minute des prolongations ! Le championnat commence vraiment. Hasard
du rattrapage, Caen reçoit son adversaire de la Coupe aussitôt après. Cette
fois, les deux équipes sont au complet mais l'organisation malherbiste
est renouvelée, Gomis, révélé en Coupe, accompagnant Proment au milieu.
Beaucoup plus solide et inspiré que son adversaire, profitant d'un
équilibre nouveau plus sécurisant, Malherbe s'impose 2-1 sans coup
férir, Compan puis Nivet ayant inscrit des buts splendides.
CAEN-TOULOUSE 2-1 (Compan, Nivet)
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Planté; Hengbart,
Sorbon, Leca, Lemaître; Proment, Gomis (Deroin 76è), Gouffran,
Nivet, Eluchans (Florentin 80è); Compan (Mazure 67è)
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La
coupe de la Ligue se terminera au tour suivant contre Lyon, vainqueur
3-1 à d'Ornano, mais, en championnat, Caen est lancé et ne perdra plus
qu'une fois jusqu'à la trêve, à Valenciennes. Avant cette défaite,
Malherbe était vainqueur à domicile et partageait les points à
l'extérieur, mais, après, l'équipe ne s'arrête plus et aligne cinq
victoires et un nul (lors du match reporté de Lens) pour finir la
première partie. De plus, les adversaires ne sont pas n'importe qui et
une période qui s'avérait a priori
délicate devient triomphale. Qu'on en juge : c'est d'abord
Bordeaux qui encaisse un sévère 5-0 à d'Ornano, aidé en cela par deux
erreurs défensives grossières. Caen gagne ensuite à Paris où Florentin
profite à son tour d'une bévue d'un défenseur parisien. C'est aussi le
leader lyonnais qui vient s'incliner suite à un but de Gouffran.
CAEN-LYON 1-0 (Gouffran)
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Planté; Hengbart,
Sorbon, Thiam, Seube; Proment, Gomis, Deroin (Grandin 83è),
Nivet, Eluchans (Florentin 80è); Gouffran (Jemaa 83è)
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Quatrièmes à mi-parcours !
Après ces trois succès face à de tels adversaires, les victoires à
Rennes et face à Strasbourg semblent presque normales et conduisent
Malherbe à une impensable quatrième place à la trêve. Le statut à
changé : le quotidien l'Equipe, qui titrait "Caen touche le fond" après
la défaite face à Metz, se fend d'un "Caen l'européen ?" à la trêve. Tout
n'a pas été cependant si simple, avec notamment des
blessures comme celle de Svensson ou de Mazure qui n'en finit pas
de rechuter et dont la fragilité devient chronique. Gouffran, partira, partira pas ? Le
mercato d'hiver est principalement marqué par le choix de Gouffran.
Désireux de partir pendant l'été, le joueur se sent bien dans une
équipe où il occupe un rôle majeur et son envie de la quitter
s'effrite, d'autant plus que PSG n'est pas au mieux : il finit par
rester. Par contre, Grandin est transféré à Marseille et Raineau et
Stéphane Zubar, qui jouent peu, sont prêtés. Trou normand. A
la reprise, les entraînements sont sous le signe de la bonne humeur
mais le retour à la compétition est difficile. Eliminés par Sedan de la
coupe de France malgré une bonne seconde période, les Caennais ne vont
plus gagner pendant dix matchs de championnat, essuyant même cinq
défaites. Deux d'entre elles s'avèrent spectaculaires même si elles
sont la conséquence de circonstances particulières. Malherbe encaisse
un sévère 6-1 à Marseille en menant 1-0 puis en ayant un but valable
refusé, les deux étant l'oeuvre d'un Toudic étonnant de culot. A Lille,
c'est un 5-0 qui sanctionne un match que Caen finit à dix avec Compan
comme gardien : Costil a été expulsé après que les trois remplacements
ont été effectués. Si on ajoute un sévère 4-1 encaissé à domicile
contre Lens, Malherbe souffre et chute au classement, parvenant à la
quatorzième place et ne possédant plus que quatre points d'avance sur
le premier relégable. Un deuxième revers contre un Metz bon dernier
symbolise une inquiétude montante. Résurrection. Caen
reçoit alors une équipe de Monaco qui n'est pas au mieux non plus.
Malgré une domination évidente, les Caennais sont menés à la pause et
la série semble se poursuivre. Mais en deuxième période, la roue tourne
et Caen inscrit quatre buts qui sonnent un réveil éclatant. L'équipe
retrouve ses valeurs, sa volonté de jouer est intacte et la conduit
vers le maintien non sans quelques prestations brillantes. Notamment,
Malherbe est éblouissant contre un PSG à la dérive, sèchement battu
3-0. Devant 20933 spectateurs, Deroin ouvre le score d'une superbe
reprise de volée et Gouffran le conclut symboliquement.
CAEN-PARIS SG 3-0 (Gouffran)
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Planté; Hengbart,
Sorbon, Leca, Lemaître; Proment, Nivet, Gouffran, Deroin (Gomis 73è), Eluchans (Florentin 69è); Jemaa (Compan 81è)
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A
Lyon, Caen, libéré, joue sans complexe et se permet de mener à la
mi-temps. Même si les Lyonnais, pourtant réduits à dix, parviennent à
égaliser, l'équipe montre l'étendue de ses progrès en gardant ses
principes et en manquant de gagner sur un coup-franc de Florentin tout
à la fin. Marquant douze buts lors des cinq dernières journées,
dont quatre à Strasbourg avec un doublé de Toudic fidèle à lui-même et
auteur d'un exceptionnel retourné, Malherbe finit onzième.
Effectif
(matches joués)
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Gardiens |
Planté
(31), Costil (5), Thébaux (2)
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Défenseurs |
Seube (28), Hengbart (33), Thiam
(16),
Sorbon (38), Boucansaud (3), N'Diaye (5), Svensson (6), Lemaître (18), Leca (18)
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Milieux |
Deroin (29), Gomis (24), Proment (33),
Raineau (1), Quellier (3), Florentin (33), Eluchans (36), Nivet (35)
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Attaquants |
Compan
(28), Mazure (10), Samson (8), Gouffran (36), Grandin (12), Toudic
(18), Jemaa (21)
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Le maintien en jouant. Avec
48 buts marqués, Malherbe possède la quatrième attaque, ce qui est
évidemment remarquable pour un promu, d'autant plus que les
réalisations sont partagées et que l'efficacité est donc collective.
Sans surprise, Gouffran est le plus réaliste avec dix buts (et six
passes décisives), devant Eluchans avec six et Compan cinq. Cela
concrétise la réussite
du projet caennais basé sur une volonté de jouer que Dumas et son
équipe n'ont jamais abandonné. Pourtant, Caen n'aura pas été épargné
par les blessures : outre Svensson et Mazure, Leca, Deroin et Seube ont
eu leur longue période d'absence. Le groupe, intelligemment enrichi
depuis la mésaventure de 2005, est parvenu à un équilibre que, cette
fois, le recrutement réussi a contribué à améliorer. Le succès
populaire a été au rendez-vous avec 19658 spectateurs de moyenne,
Caen évoluant onze fois au-dessus des 20000 spectateurs dont neuf à
guichets fermés. |