Il y a quelques jours, l’Assemblée nationale a voté la loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure
, plus connue comme la LOPPSI 2.
Je passe sur l’opportunité d’une enième loi de sécurité visant à restreindre les libertés individuelles, faciliter les expulsions, développer la vidéosurveillance, etc. Je zoome sur un point particulier et particulièrement inique : la mise en place d’une censure officialisée d’Internet (ou la fin de la neutralité d’Internet en France, cf à ce sujet mon billet sur le site de ma boîte).
Vous allez me dire, j’exagère. Et bien même pas : l’article 4 de la loi autorise le blocage de sites web sur le web français, sur décision administrative (loin d’un quelconque juge indépendant…), sans communication au public (la liste des sites bloqués est cachée jusqu’à l’évaluation de la loi, prévue dans les deux ans) et sans procédure de recours.
On imagine que pour faire voter une telle loi, l’argumentation a du être solide. Et bien toujours pas, la seule raison donnée étant la protection de nos enfants des sites pédopornographiques. Comme tous ceux qui utilisent régulièrement Internet (j’en suis à plusieurs dizaines de milliers d’heures de surf dans ma vie), je n’ai JAMAIS été approché par un site pédopornographique, la menace n’existe tout simplement pas. Pourquoi ? Parce que les adeptes de la pédopornographie n’utilisent pratiquement pas des sites Internet, et qu’ils ne sont de toute façon pas accessibles aussi simplement…
Affirmer lutter contre ce fléau en filtrant les sites web, c’est comme dire qu’on soigne une fièvre en cassant le thermomètre. Les politiques qui ont voté cet article ne chassent pas les adultes coupables de ce délit (qui ne vont que multiplier leurs précautions d’échange…), et ne protègent pas leurs victimes. En fait, ils mentent. Tâchons de nous en souvenir en mai 2012. Et bonne année 2011 !
Un peu de lecture à ce sujet :
- Loppsi 2 article 4, sur le blog de Zythom, expert judiciaire
- LOPPSI et censure du net…, sur le blog de Sid