Cette semaine, le secrétaire aux affaires étrangères britannique, David Miliband, déclare que la notion de guerre contre le terrorisme (est) erronée
(cf article plus bas, copié du Monde du 15). Pour peu que Barack Obama adopte une vision similaire (on sera vite fixé), que Sarkozy et les autres dirigeants mondiaux s’alignent et veuillent bien arrêter les frais en Afghanistan, on ouvrira peut être une période un peu plus pacifique pour la planète.
A ce sujet, je viens de terminer la lecture de « L’ivresse de la force », de Noam Chomsky (merci belle maman). Pour ceux qui ne connaissent pas, Chomsky est un intellectuel américain très important, qui d’après son abondante fiche wikipedia, se définit comme Libertarian socialist
, qu’on traduirait par anarchiste socialiste
(classe non ? 🙂 ). C’est aussi un type qui a finalement assez peu d’échos en France… ce qui est expliqué dans cet article d’Acrimed. En tout cas son bouquin, sous forme d’entretiens avec David Barsamian, un animateur radio américain, se lit tout seul, est très bien sourcé (ce qui est bien agréable), et propose une vision assez limpide du jeu des gouvernements occidentaux, notamment de la politique étrangère des États-Unis.
Dans une des dernières pages du bouquin, les propositions qu’il a décrit dans un précédent bouquin sont listées. C’est bête comme chou, ça apaiserait forcément les relations internationales, et on se demande juste comment ça peut ne pas être le cas déjà :
– accepter la juridiction de la Cour pénale internationale et de la Cour internationale de justice
– signer et mettre en œuvre le protocole de Kyoto
– laisser l’ONU prendre la direction dans les crises diplomatiques
– recourir à des moyens diplomatiques et économiques, plutôt que militaires pour combattre le terrorisme
– s’en tenir à l’interprétation traditionnelle de la Charte des Nations Unies (ie. aucun usage de la force hors de la légitime défense réelle)
– renoncer au droit de veto au Conseil de sécurité
Ce dernier point soulève quelque chose de très juste : pas un seul politique français ne demanderait la suppression des vetos au Conseil de sécurité, puisque le droit de veto pour la France passe pour une grande force, dont on devrait être fier blablabla. Or ces cinq droits de veto (États-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne et France) sont avant tout la négation de la démocratie au niveau des nations unies. On imagine mal qualifier de démocratie un village en France où cinq habitants auraient droit de veto sur toutes les décisions… non ? Enfin c’que j’en dis…
PS : la galette était bonne. 🙂
Le secrétaire aux affaires étrangères britannique, David Miliband, a estimé, jeudi 15 janvier, que la « guerre contre le terrorisme » était une notion « équivoque et erronée » qu’il fallait repenser. Ces propos, à moins d’une semaine du départ de la Maison Blanche de George W. Bush, constituent une critique implicite de la stratégie lancée par le président américain dans la foulée des attentats du 11-Septembre et donc de celle de son plus proche allié, la Grande-Bretagne.
Dans une lettre au Guardian, M. Miliband écrit que le concept de « guerre contre le terrorisme » a donné l’impression qu’il s’agissait d’un ennemi transnational, personnifié par Oussama Ben Laden et Al-Qaida. « La réalité est que les motivations et les identités des groupes terroristes sont disparates », poursuit Miliband. « Plus on met ensemble les groupes terroristes et plus on établit les lignes de front comme une simple lutte binaire entre modérés et extrémistes, ou entre le bien et le mal, plus on fait le jeu de ceux qui cherchent à unifier des groupes ayant peu de choses en commun. »
La formule implique également que la réponse adéquate est essentiellement militaire, remarque Miliband. « Mais comme le général américain David Petraeus me l’a dit, ainsi que d’autres en Irak, la coalition ne peut pas se sortir militairement des problèmes d’insurrection et de luttes intestines dans le pays », écrit encore le chef du Foreign Office. « Seule la coopération entre Etats pourrait anéantir les réseaux terroristes. »
De l’avis du diplomate britannique, les gouvernements doivent répondre au terrorisme en « défendant l’état de droit et non en l’outrepassant ». L’administration Bush a été vivement critiquée pour son traitement des suspects de terrorisme dans le centre de détention militaire de Guantanamo, à Cuba. « Nous devons respecter nos engagements envers les droits de l’homme et les libertés civiles, dans nos pays et à l’étranger. Telle est de toute évidence la leçon de Guantanamo, et c’est pourquoi nous nous réjouissons de la volonté du président élu Barack Obama de fermer cet endroit. »
Londres doit achever cette année son retrait d’Irak, et dispose de plus de 8 000 soldats en Afghanistan où la lutte contre les taliban s’est fortement intensifiée depuis un an. Miliband doit prononcer jeudi après-midi en Inde un discours développant son point de vue. Il s’exprimera dans la ville de Bombay, où une série d’attaques a fait 179 morts en novembre.